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Lactalis veut se séparer de 50 exploitations laitières bios

Lactalis collecte 230 Ml de lait bio. Le groupe souffre de son positionnement sur le marché du lait UHT en GMS qui valorise la grande majorité de ses volumes transformés en bio.

Avec un taux de déclassement de 50 %, Lactalis coupe la branche de ses excédents laitiers bios. Il a annoncé à 50 exploitations son intention de ne plus les collecter à l’horizon 2027. Il propose à certaines d'intégrer sa collecte conventionnelle.

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Lactalis a annoncé fin septembre son intention de dénoncer le contrat de 272 exploitations laitières conventionnelles pour 160 Ml. La rupture contractuelle sera effective à l’horizon 2026. Sa collecte bio (230 Ml) est, elle aussi, concernée. Le groupe lavallois, qui enregistre un taux de déclassement de 50 %, veut couper la branche de ses excédents bios. À l’horizon 2030, 40 Ml en contrat avec la coopérative alsacienne Unicoolait ne seront pas renouvelés. À l’horizon 2027, ce sont 23 Ml de référence contractuelle pour 14 à 15 Ml livrés qui sont touchés. Ils sont fournis par 50 exploitations laitières. Leur contrat avec le groupe mondial prévoit une durée de préavis de 24 mois. Vingt sont dans le Grand Est aux frontières des Vosges et de la Haute-Saône, dont 15 membres de l’Association des producteurs de lait biologique Grand Est (APLB) pour 5 Ml et 5 en contrat individuel. L’APLB Grand Est assure un total de 22 Ml à Lactalis et 6 Ml à la fromagerie Mulin.

La totale stupéfaction de l’APLB Grand Est

À l’Ouest, chez sa cousine l’OP Seine-et-Loire, 17 adhérents subissent la même situation : 4 au sud de la Loire et 13 dans le Morbihan, les Côtes-d’Armor et le Finistère. Dans les trois départements bretons, treize autres exploitations en contrat individuel sont également touchées. « Les 26 exploitations bretonnes sont en échange de collecte [notamment avec Eurial bio, NDLR]. Elles n’approvisionnent pas nos usines », indique Fabien Choiseau, responsable de la collecte France de Lactalis. « Nous leur proposons soit une reconversion en filière conventionnelle pour les intégrer dans notre collecte, soit la résiliation de leur contrat. » Les vingt-quatre autres sur le total des 50 impactés relèvent du plan de réduction globale des volumes, par la fermeture du site d’ingrédients de Xertigny (Vosges) et l’arrêt du concentrateur de Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire). « Nous nous engageons à chercher des solutions pour tous les producteurs via un cabinet d’accompagnement, rappelle Fabien Choiseau. Nous attendons la réponse de l’APLB Grand Est et de l’OP Seine-et-Loire sur le sujet. »

« Lactalis nous a annoncé son plan de réduction à notre rencontre du 27 septembre qui était prévue pour discuter des perspectives des prochains mois,réagit Thierry Weber, président de l’APLB Grand Est. Cela a été une totale stupéfaction. Nous ne nous y attendions absolument pas. » Dans un contexte de marché bio en crise, l’OP s’est engagée à trouver une solution pour tous les producteurs.

« 1,3 M€ investis dans un bloc de traite »

« La première étape est de faire un état des lieux,reprend Thierry Weber. Nous rencontrons les quinze producteurs individuellement pour faire le point sur leur situation et leurs engagements. » Par exemple, les mesures agroenvironnementales, les aides au bio ou encore les installations.

Dans le Finistère, Mathieu Caugant, adhérent de l’OP Seine-et-Loire et associé à son père Jean-Hervé, fait partie des jeunes éleveurs qui ont souscrit de lourds investissements. Comme ses 25 collègues bretons, il a reçu début octobre un appel téléphonique de Lactalis. « Pour l’instant, nous encaissons ce coup dur, confie Mathieu Caugant. Nous mettons en service d’ici à la fin 2024 un roto de traite de 32 places. Nous investissons 1,3 M€ qui comprend également le tri des animaux en sortie de traite, la fosse et l’aire d’attente. Avant de lancer le projet il y a deux ans, nous avions questionné l’industriel car le marché bio était déjà en crise. Il nous avait donné son feu vert. » Le jeune producteur souhaite rester dans la filière bio. « Si nous revenions en conventionnel, il faudrait renégocier les emprunts avec la banque car la rentabilité de nos investissements est établie sur le prix du lait bio. »

L’exploitation vend son lait depuis 60 ans à Lactalis. Ses livraisons sont intégrées aux échanges de collecte entre le lavallois et Eurial bio. Elles sont dirigées depuis dix ans sur le site coopératif de Riec-sur-Belon (Morbihan).

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